CAMILLE : 
 SPORTIVE COMBATTANTE ATTEINTE D'UNE MALADIE DES ARTICULATIONS

Aujourd'hui, nous avons le plaisir de découvrir Camille, passionnée de course à pied, de voyages et de rencontres. Originaire de Lille et installée à Nice, Camille est une sportive dans l'âme sans cesse à la recherche de soleils, montagnes et d'endroits où gambader. 

Accompagné de son petit-ami, tout deux oscillent entre leurs paires de baskets et leurs passeports pour voyager partout ou l'envie les mène. Ils passent la plupart de leurs week-ends à arpenter les montagnes de la région pour aller déguster une fondue au sommet ou à l'autre bout de l'Europe pour découvrir le monde. Ils aiment aussi tout simplement se retrouver après une longue randonnée, au bar avec des amis. Par ce que outre le sport, ils adorent manger et déguster du bon vin 🙂 

Depuis peu, Camille est également atteinte d'une maladie des articulations, elle nous raconte son parcours et son quotidien de sportive combattante. 

1. D'ou vient ta passion pour le sport ?

D'une famille de sportifs passionnés de football pour les hommes et de gymnastique pour ma maman et moi. J'ai pratiqué la gymnastique pendant plus de 15 années dans un club de ma région natale. J'ai également pratiqué la natation, mon second sport de prédilection après la course. 

J'ai toujours aimé le sport, mais je n'ai pas toujours aimé la course à pied ! J'étais de ceux qui détestaient les fameux 3x500m, qui se réjouissaient des dispenses en cours de sport et qui ne comprenaient pas l'engouement d'enfiler ses baskets pour courir. Quelle drôle d'idée que de courir sans but ! 

Durant mon adolescence, j'ai cédé pour un vice : la cigarette. Puis un jour, après avoir tenté vainement de troquer mon paquet de cigarettes contre des Schoko-bons, j'ai décidé que le meilleur allié pour arrêter de fumer serait du sport dès que j'aurais l'envie de fumer. 

Par facilité et par gain de temps, la course à pied semblait être le compromis idéal. C'est ainsi que j'ai commencé par enfiler mes baskets pour cinq minutes, dix minutes et, au fur et à mesure du temps j'ai fini par délaisser totalement la cigarette et surtout par adorer la couse à pied. L'effet endorphine vous me direz ! 

Je me suis inscrite à mon premier semi-marathon avec l'une de mes meilleures amies, et depuis je n'ai eu de cesse que de vouloir m'entraîner encore et encore. En 2019, j'ai décidé de vivre l'expérience de toute une vie selon les coureurs : l'épreuve du marathon. Et quelle expérience ! Un sentiment d'euphorie, de joie et de bonheur intense en apercevant la ligne d'arrivée des 42,195 km pour retrouver mes proches qui avaient fait le déplacement jusqu'à Rotterdam pour m'accompagner dans cette folle aventure. 

Depuis, ce sentiment et cette envie ne m'a plus jamais quitté. Malheureusement, la vie en a décidé autrement et me laisse peu de répit depuis bientôt deux ans. 

2. Qu'est-ce qui te plait le plus dans le sport ?

Il y a deux choses que j'aime par-dessus tout dans le sport : les rencontres incroyables qu'on y fait et le dépassement de soi. 

Le sport a toujours été pour moi un vecteur de rencontres incroyables, ces personnes avec lesquelles on partage nos entraînements, celles qu'on croise de manière furtive lors de certaines courses et avec lesquelles on s'encourage, la Brooks Run Happy Teams qui m'apporte au quotidien un soutien infaillible et qui est source de défis toujours plus fous ! 

Le sport, c'est évidemment le dépassement de soi. La meilleure école de la vie où on parvient à apprendre à se connaître mieux qu'ailleurs. A maitriser ses limites pour pouvoir mieux les dépasser. C'est aussi le moment ou on apprend le mieux à gérer ses émotions et qui, finalement laisse place à cette passion qui nous enivre et nous submerge à chaque accomplissement réalisé. 

3. Tu as récemment été diagnostiqué atteinte de Spondylarthrite.
Peut-tu nous expliquer quelle est cette maladie ?

Il est vrai que le diagnostic est très récent, pourtant j'enchaîne les blessures depuis mes débuts en course à pied. Les tendinites à répétition, les fractures de fatigue, des crises de douleurs intenses dans le bas du dos (...). Cela laissait perplexe l'ensemble du corps médical et ça faisait plusieurs années qu'on me soupçonnait une maladie inflammatoire appelée "la spondylarthrite ankylosante". Tant que j'arrivais à courir, je ne me posais pas de question. 

Pourtant, lorsque j'ai rencontré Lolo, ce sudiste devenu ma personne préférée, j'ai vite compris que les douleurs qui le reveillaient la nuit, les crises inflammatoires qui l'empêchaient de bouger et de faire tout ce qu'il souhaitait étaient similaires (pour ne pas dire identiques) aux miennes. 

Finalement, ces maux ont été éxpliqués en mai 2022. Le verdict est tombé et il n'était pas bon. "Spondylarthrite ankylosante", rien que le nom est effrayant. Et ça l'est d'autant plus lorsque les médecins vous souhaitaient "bon courage pour la suite". 

C'est une maladie inflammatoire : maladie auto-immune qui entraîne une inflammation chronique de vos articulations (bassin, sacro-iliaques, rachis lombaire) et qui est dégénérative. Plus, la maladie évolue, plus on risque de s'ankyloser. Grossièrement, les articulations finissent par se souder et peuvent réduire à néant notre mobilité. Personnellement, mes douleurs sont intensifiées en position prolongée : assise au travail, en voiture, et durant la nuit...

Cette maladie est peu connue, car elle reste assez rare. Elle n'est pas invalidante, mais bel et bien handicapante au quotidien. Imaginez vos grands-parents se plaindre de douleurs au dos, d'arthrose, vous mettez tout cela dans un corps de 29 ans et voilà la recette pour une SPA active sans traitement connu à ce jour. Il existe des traitements par biothérapie (traitement immunosuppresseurs avec des effets secondaires assez conséquents permettant de diminuer l'inflammation dans notre corps) cependant, le traitement adéquat est long à trouver et demande de s'armer de patience pour assurer tous les examens médiaux et pour supporter la douleur en attendant de trouver la recette qui nous permettra de souffler un peu. 

4. Comment fais-tu face à cette maladie ?

Le secret pour lutter ?

- L'activité physique permanente contre la "colonne de bambou". Le terme fait peur, mais c'est bien ce qu'il m'attend si je reste assise dans mon canapé. 

- L'optimisme qui me permet de profiter plus intensément de chaque moment qui se profile sans douleurs. 

- Etre bien accompagnée, car oui une partie de la solution à cette équation est de s'entrourer de personnes qui vous donnent l'envie de vous surpasser, de ne pas se laisser abattre par la maladie et de continuer à relever des défis. 

Si mon plus grand défi reste celui de trouver la force d'enfiler mes baskets alors que cela me fait souffrir le martyr, j'ose croire qu'un jour je serai heureuse ne pas avoir abandonné. 

5. Comment arrives-tu à rester motiver face à la difficulté ?

Je ne cacherai pas qu'il est parfois difficile de rester motivée. Depuis plusieurs mois, j'enchaîne des semaines compliquées, des douleurs nocturnes extrêmes qui m'empêchent de dormir correctement, des douleurs au quotidien quasi omniprésentes, l'essai de nouveaux traitements et mon intolérance aux anti-inflammatoires qui ne me permettent pas d'être soulagée. Pourtant, je m'acharne. J'essaie de courir en "infra-douleureux", même s'il s'agit d'une sortie d'une vingtaine de minutes ou je fais du yoga, de la natation... 

Face à la difficulté et aux douleurs générées par la maladie, la clef reste de s'adapter. Il faut adapter sa pratique sportive en fonction de nos douleurs, tout en gardant en tête que le maître-mot de la SPA est de bouger : un équilibre assez difficile à trouver. 

Adapter sa pratique sportive, diversifier ses activés, délaisser le bitume, préférer l'endurance plutôt que les sessions de fractionné sur piste. Ce n'est pas toujours évident de réaliser que ce que j'étais capable de faire avant ou d'envisager être capable de le faire n'est plus possible aujourd'hui. 

C'est difficile de devoir se résigner à des projets prévus depuis plusieurs mois. Cela a été le cas du semi-marathon de Nice-Cannes pour lequel je n'ai pas pu rendre le départ il y a deux semaines. C'est également le cas pour la marathon de Valence que je suis contrainte d'abandonner également en décembre. La frustration reste le sentiment le plus difficile. Mais j'essaie de me contenter des petites victoires, de certaines sorties qui se passent mieux que d'autres, de la réjouissance simple de pouvoir courir alors que certains en sont totalement privés. 

6. Qu'aimerais-tu faire passer comme message aux autres sportifs qui pourraient être dans la même situation ?

Avec Lolo, on a un quotidien qui peut en faire sourire plus d'un : des soirées étirements, des massages et de la mobilité. Mais cette maladie, si on la subit tous les deux, on la vaincra tous les deux. Peu importe les douleurs, les kilomètres que je subirai, les crises que je vais devoir affronter, je ne laisserai jamais la Spondylarthrite gagner ! 

Il n'y aura peut-être plus jamais de notion de performances, de records ou de sessions à intensité extrême. On ira uniquement chercher le plaisir de pouvoir courir, mais cela sera suffisant pour combler notre coeur d'émotion et de joie. Un jour, j'ose espérer que je viendrai à bout d'un autre marathon. Certainement pas cette année, peut-être dans 10 ans. Mais je m'accrocherai jusqu'à ce que ce jour arrive et qu'on puisse se regarder tous les deux en se disant qu'on a réussi. 

Alors à tous, osons croire qu'un jour ce sera différent et qu'on surpassera la maladie ! Après tout, le corps humain est capable de l'impossible ! 

Un grand merci à Camille de nous avoir raconté son parcours loin d'être simple, mais je pense très inspirant, qui nous prouve que l'essentiel c'est bien de prendre du plaisir quand ont fait du sport et de ne pas s'attarder sur les chiffres ou chronos ! J'espère que cet article vous aura donner envie d'enfiler vos baskets, moi c'est tout à fait le cas ! 

Si découvrir des femmes inspirantes comme Camille vous a plus, n'hésitez pas à lire nos autres interviews de sportives

A bientôt, 

Virginie 

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